La “technologie” AMP de Google sortie en 2015 passe la vitesse supérieure en ce début d’année 2019. En effet Google vient de faire une série d’annonces qui nous semblent bonnes à mettre en perspective.
Qu’est-ce que l’AMP ?
Comme vous le trouverez sur Wikipédia, l’AMP, Accelerated Mobile Page, est une technologie open source proposée et soutenue par Google. L’AMP a pour objectif de réduire les temps de chargements afin d’améliorer l’expérience utilisateur. La validation d’une page AMP est assez drastique avec un cahier des charges des plus contraignant :
- Pas de JavaScript (hormis une liste de fonctionnalité très restreinte fourni AMP)
Là on est plutôt pour. - Pas de formulaire
WTF ? - Une seule et unique balise style CSS qui ne doit pas dépasser les 50kb !
Qu’à cela ne tienne, ça on sait faire. - et donc pas de CSS en ligne
Evidemment nous voyons pas comment il pourrait en être autrement.
Cette technologie se base sur l’HTML et CSS qu’elle “enrichit”… Et c’est là que les ennuis commencent : exit le W3C (World Wide Web Consortium) qui a pourtant la charge de l’élaboration des normes du HTML ! Google AMP est un standard parallèle. Enfin les pages développées en AMP sont :
- parcourues et privilégiés par le moteur de recherche Google,
- mises en cache sur les serveurs de Google
- et distribuées aux internautes depuis un domaine de Google.
L’avis d’artwaï
- Personnellement, je déteste l’idée qu’un acteur, quel qu’il soit, vienne transformer l’HTML sans passer par le W3C. C’est mon avis de codeur HTML, fan de l’oeuvre originelle de Tim Berners Lee, limite à être intransigeant sur le sujet.
- De plus, il s’agit de fournir un nouveau format de page dédiée uniquement au mobile (c’est dans l’acronyme lui-même) alors que nos pages sont désormais responsives. Nous nous retrouvons donc à maintenir 2 versions de sites une standard et une AMP.
- Enfin ces pages sont distribuées depuis les serveurs de Google, l’internaute n’est donc pas sur votre site. Potentiellement vous n’augmentez pas votre audience.
Sur son blog, Nicolas Furno le résume ainsi :
Même si le confort apporté par l’instantanéité est un élément important, garder le contrôle complet sur l’expérience de lecture devient de plus en plus essentiel à mes yeux. Sur mon blog, hébergé sur mon serveur, je fais ce que je veux. Sur ces services tiers, je cède une grande partie de mon contrôle et je commence vraiment à me demander si ce n’est pas un mauvais calcul…
Au-delà de ces aspects conceptuels, nous maintenons fermement qu’il est possible de faire des pages web qui se chargent rapidement sans pour autant être AMP. La preuve : le site d’une célèbre agence web basée à Rennes. C’est en ce sens qu’une lettre a été publié à l’attention de Google signée par des grands noms du web comme Jeffrey Zeldman (dont on a déjà traduit le propos). Bref, on peut faire aussi rapide sans réinventer les standards et sans être en milieu clos.
Depuis comme l’indique ZDnet, Google a quand même lâché un peu leste,
Google a déclaré qu’il travaillait à donner aux sites qui ne sont pas sur AMP une importance similaire dès lors qu’ils offrent les mêmes avantages en termes de vitesse.
Les dernières annonces 2019 autour d’AMP
26 mars : AMP dans les mails
S’il y a bien un domaine où c’est la jungle, il s’agit des emails et donc des campagnes de emailing. A ce jour, il n’existe aucun standard établi par une instance internationale définissant un format commun à tous les clients messagerie. Il y a bien eu quelques tentatives comme MJML mais rien d’officiellement standardisé.
Du coup le 26 mars dernier, Google entre dans la danse, en proposant de rendre nos emails interactifs grâce à AMP ! C’est la promesse de nouvelles fonctionnalités comme répondre à un formulaire, définir les horaires d’une réunion, naviguer dans un catalogue de produits… L’idée étant de pouvoir faire un certain nombre d’action tout en restant dans la messagerie. Déjà plusieurs acteurs de messagerie (Outlook, Yahoo, et Gmail bien sur) ont annoncé vouloir supporter cette technologie.
11 avril : JavaScript is coming
Annoncé sur Twitter, en psalmodiant Game of Throne, il semblerait qu’AMP puisse introduire l’usage de JavaScript dans ces pages. Je trouve l’annonce assez bien vu parce qu’elle place JavaScript comme étant le Winter d’AMP et donc comme étant l’invasion des morts vivants. Mon petit doigt me dis que ça pourrait se traduire par des baisses de performance web pour AMP s’il n’y prend garde.
16 avril : des urls AMP plus ou moins visibles
Jusqu’à aujourd’hui, lorsque vous visionnez une page AMP depuis une recherche de google, vous êtes sur un serveur de Google avec une URL du type :
google.com/amp/s/www.[URL de la page].
Changement de donne depuis un coup de twitter le 16 avril dernier, les urls même si vous restez sur le serveur de Google devrait indiquer l’url de la page d’origine… Là se posent plusieurs problèmes… Du coup où sera l’internaute qui met cette url en favori ? Des précisions sont à attendre…
17 avril : les AMP Stories dans les SERP de Google
Les AMP Stories ne sont ni plus ni moins qu’un format visuel très répandu sur les réseaux sociaux. Annoncé depuis l’année dernière et selon Kenichi Suzuki, ce nouveau format devrait prendre place directement dans les résultats de recherche de Google et voir même être embarqué sur un site web. Bien sur le déploiement devrait commencer outre-Atlantique avant d’arriver en Europe d’ici la fin de l’année. A suivre donc…
Recommandations
Je pourrais vous faire une conclusion Jean-Pierre Coffienne sur le sujet, mais le principe de réalité doit souvent s’imposer aux simples acteurs que nous sommes. Google AMP permet aujourd’hui d’obtenir plus de visibilité sur mobile. C’est un fait. Pourtant dans le même temps, Google s’accapare l’audience et cela peut vraiment devenir problématique quand on veut, comme on vous le recommande, maîtriser ses contenus et son audience.
Sachez que le site que vous consultez dispose de pages AMP pour tous ses articles de blog. Mais les versions AMP de ces pages ne sont que des introductions à lire la suite sur la page originale. Ainsi la lecture complète d’un article ne peut se faire que sur une page du site depuis notre serveur.
Exemple sur les serveurs de Google : https://www.google.fr/amp/s/…/pwa-progressive-web-app/amp/
ou ici : https://www.artwai.com/pwa-progressive-web-app/amp/
Toutefois, avec ces dernières annonces Google AMP change, selon moi, de direction. Il y a quelques années ce format devait remplacer nos pages mobiles, il s’oriente désormais vers les mails et en leur donnant un peu plus d’interactivité avec le JavaScript ; et vers un format de SERP dédié aux stories qui pour le coup pourrait avoir du sens.
Enfin à l’heure où Google reconnait des améliorations des temps de chargements des pages web, il est de bon ton de continuer les efforts pour améliorer la web performance des sites web aussi bien pour améliorer l’expérience utilisateur que pour diminuer notre impact écologique. Google AMP peut apparaître pour certains comme une solution. Pourtant nous pensons qu‘il y a plus à gagner avec les PWA (autre technologie promue par Google) qu’avec AMP.
Photo par Rajeshwar Bachu via Unsplash